Japan ASBL

忍 法 柔 術 – – – – NINPŌ JŪJUTSU

Le NINPŌ JŪJUTSU est une self-défense moderne légaliste inspirée de l’efficacité des ninja.  Par la découverte et l’utilisation optimale de nos points forts personnels, elle est tout spécialement adaptée aux filles.

L’appellation jūjutsu représente une nébuleuse de pratiques les plus variées : il y a des frappes comme en karatedō, des projections comme en aikidō , du corps-à-corps comme en jūdō, etc. Mais il serait faux de dire qu’une école de jūjutsu regroupe des techniques techniques de karatedō, d’aikidō et de jūdō puisque c’est le justement le jūjutsu qui est notamment à l’origine de ces disciplines beaucoup, beaucoup, plus récentes (voir la 3ème partie de cet article), exception faite des pratiques originaires d’Okinawa (discuté).

En outre, les orthographes les plus fantaisistes, employées par autant de dōjō et d’associations, on fait du jūjutsu un fourre-tout innommable au sens littéral.

1) Réglons donc d’abord ce point : la transcription Hepburn correcte de 柔術 est bien jūjutsu, les « u » se prononçant « ou » comme en italien (et non ji-jutsu, ji-jitsu, jiu-jiutsu, jiu-jitsu comme le font phonétiquement, pour eux-mêmes, les Anglo-Saxons ou encore ju-jitsu comme le font, même pas phonétiquement en fait, les Français). Et il n’y a aucune raison de mettre de tiret en retranscription, ça peut prêter à confusion avec certains signes diacritiques. Enfin, les mots japonais n’ont pas de pluriel !

2) L’analyse sémantique du terme jūjutsu porte sur deux kanji 柔 et 術. Nous l’entamerons par le deuxième :

S’inscrivant, dans l’évolution des arts martiaux japonais, entre les bugei (arts de la guerre plutôt empiriques) et les dō (voies martiales philosophiques), le caractère 術, qui se prononce joutsou, nous indique que le jūjutsu fait partie des bujutsu, les écoles de guerre conventionnelle affinées par les clans jusqu’à obtention de l’efficacité désirée.

Le nombre de jutsu que chaque clan ou école étudiait est considérable : à cheval, avec arc (ou les deux), avec sabre, lance ou dans un cadre tactique théorique (construction de fortifications, formations de bataille)… Les jutsu étaient comme des manuels militaires.

Il s’agit donc de spécifier de quel jutsu nous parlons. Il est défini par le premier kanji : 柔, qui se prononce, selon les époques et les contextes yawa (inclus dans l’appellation historique yawara) ou jou (long). Il signifie – quelle que soit l’époque – la souplesse, la tendresse, l’aspect mou, moelleux.

Étonnant, lorsque l’on voit l’extrême contraction des pratiquants et l’absence de ménagement du partenaire, bref, la rudesse appliquée dans certains dōjō de jūjutsu ! En japonais, le caractère 柔, finalement très féminin, est quasi antinomique avec le concept de techniques guerrières 術, plutôt masculin (ceci, pour donner une image claire).

Sémantiquement, on doit donc s’attendre à retrouver les plus douces des techniques d’engagement.

Tout dépend, en fait, de l’échelle d’enjeu corporel sur laquelle on se place : si l’on en vient à penser aux blessures que la lame effilée d’un mètre de long des samurai peut infliger, on pourra considérer comme bien plus gentille la même attaque portée à mains nues ! Historiquement, c’est bien de là que viendra l’utilisation du caractère très doux 柔 pour la défense à mains nues par opposition aux autres 術, le plus souvent armés.

Mais si la prononciation jū est plus ou moins récente, 柔 est un kanji ancien et il sera repris fin XIXème par Maître Kano pour sa méthode d’éducation physique et morale. Ce, notamment, dans l’idée de donner un sens historique et prestigieux au jūdō, sa création originale développée au départ des jūjutsu, avec substitution de 術 par 道 (suivant l’évolution vers les voies martiales dō).

3) Historiquement : à partir de la fin du IXème siècle, avec l’avènement de la caste des samurai et dans un Japon qui se découvre de plus en plus guerrier, les techniques de bataille à mains nues se révèlent comme une nécessité aux côtés des techniques de la guerre armée. Même s’il ne porte pas immédiatement ce nom, le jūjutsu est la méthode de choc à utiliser soit en complément des armes soit lorsque l’on se retrouve désarmé sur le champ de bataille ou à tout autre moment où l’on porterait pas d’arme.

Des techniques, d’abord instinctives, sont répertoriées. Les dōjō, clans et armées médiévales s’y entraînent et les améliorent. La plupart du temps le jūjutsu local reçoit, pour le caractériser, l’appellation (d’origine non contrôlée !) d’un principe naturel (bois, feu, terre, métal, eau, ki, ku…), du lieu, du clan ou d’une divinité du shintoïsme, ou encore, est nommé en mémoire d’un maître ou samurai célèbre décédé, et pour les moins prétentieux, le nom du maître qui enseigne lui-même.

Ne fut-ce que par la Tradition orale des dōjō, ces techniques sont transmises d’une génération à l’autre et encore perfectionnées avec le temps et l’expérience des combattants. Un excellent exemple de jūjutsu est le Daito ryū aiki jūjutsu (si l’on traduit litéralement : techniques souples et harmonieuses du Grand Orient), à l’origine de la plupart des techniques d’aikidō, qui à la fin du XVIIIème siècle est fort d’une bible technique répertoriant 2884 techniques.

Mais, au cours de l’histoire tumultueuse du Japon, bien d’autres styles de jūjutsu naissent (p.ex. : combattants se distinguant des autres et fondant leur école) et meurent (p.ex. : seppuku ou meutre de tous les représentants vivants d’une école qui tombe alors dans l’oubli).

De nos jours, le jūjutsu, a priori pratiqué à mains nues, peut comprendre des techniques d’armes puisque pour qu’une défense sur arme soit bonne, il faut que le partenaire sache utiliser l’arme en question (ce n’était pas un problème aux temps médiévaux car tout le monde avait eu une arme en mains à un moment ou l’autre de sa vie).

Scroll to top