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Catégorie : Disciplines (4)

忍 法 柔 術 – – – – NINPŌ JŪJUTSU

Le NINPŌ JŪJUTSU est une self-défense moderne légaliste inspirée de l’efficacité des ninja.  Par la découverte et l’utilisation optimale de nos points forts personnels, elle est tout spécialement adaptée aux filles.

L’appellation jūjutsu représente une nébuleuse de pratiques les plus variées : il y a des frappes comme en karatedō, des projections comme en aikidō , du corps-à-corps comme en jūdō, etc. Mais il serait faux de dire qu’une école de jūjutsu regroupe des techniques techniques de karatedō, d’aikidō et de jūdō puisque c’est le justement le jūjutsu qui est notamment à l’origine de ces disciplines beaucoup, beaucoup, plus récentes (voir la 3ème partie de cet article), exception faite des pratiques originaires d’Okinawa (discuté).

En outre, les orthographes les plus fantaisistes, employées par autant de dōjō et d’associations, on fait du jūjutsu un fourre-tout innommable au sens littéral.

1) Réglons donc d’abord ce point : la transcription Hepburn correcte de 柔術 est bien jūjutsu, les « u » se prononçant « ou » comme en italien (et non ji-jutsu, ji-jitsu, jiu-jiutsu, jiu-jitsu comme le font phonétiquement, pour eux-mêmes, les Anglo-Saxons ou encore ju-jitsu comme le font, même pas phonétiquement en fait, les Français). Et il n’y a aucune raison de mettre de tiret en retranscription, ça peut prêter à confusion avec certains signes diacritiques. Enfin, les mots japonais n’ont pas de pluriel !

2) L’analyse sémantique du terme jūjutsu porte sur deux kanji 柔 et 術. Nous l’entamerons par le deuxième :

S’inscrivant, dans l’évolution des arts martiaux japonais, entre les bugei (arts de la guerre plutôt empiriques) et les dō (voies martiales philosophiques), le caractère 術, qui se prononce joutsou, nous indique que le jūjutsu fait partie des bujutsu, les écoles de guerre conventionnelle affinées par les clans jusqu’à obtention de l’efficacité désirée.

Le nombre de jutsu que chaque clan ou école étudiait est considérable : à cheval, avec arc (ou les deux), avec sabre, lance ou dans un cadre tactique théorique (construction de fortifications, formations de bataille)… Les jutsu étaient comme des manuels militaires.

Il s’agit donc de spécifier de quel jutsu nous parlons. Il est défini par le premier kanji : 柔, qui se prononce, selon les époques et les contextes yawa (inclus dans l’appellation historique yawara) ou jou (long). Il signifie – quelle que soit l’époque – la souplesse, la tendresse, l’aspect mou, moelleux.

Étonnant, lorsque l’on voit l’extrême contraction des pratiquants et l’absence de ménagement du partenaire, bref, la rudesse appliquée dans certains dōjō de jūjutsu ! En japonais, le caractère 柔, finalement très féminin, est quasi antinomique avec le concept de techniques guerrières 術, plutôt masculin (ceci, pour donner une image claire).

Sémantiquement, on doit donc s’attendre à retrouver les plus douces des techniques d’engagement.

Tout dépend, en fait, de l’échelle d’enjeu corporel sur laquelle on se place : si l’on en vient à penser aux blessures que la lame effilée d’un mètre de long des samurai peut infliger, on pourra considérer comme bien plus gentille la même attaque portée à mains nues ! Historiquement, c’est bien de là que viendra l’utilisation du caractère très doux 柔 pour la défense à mains nues par opposition aux autres 術, le plus souvent armés.

Mais si la prononciation jū est plus ou moins récente, 柔 est un kanji ancien et il sera repris fin XIXème par Maître Kano pour sa méthode d’éducation physique et morale. Ce, notamment, dans l’idée de donner un sens historique et prestigieux au jūdō, sa création originale développée au départ des jūjutsu, avec substitution de 術 par 道 (suivant l’évolution vers les voies martiales dō).

3) Historiquement : à partir de la fin du IXème siècle, avec l’avènement de la caste des samurai et dans un Japon qui se découvre de plus en plus guerrier, les techniques de bataille à mains nues se révèlent comme une nécessité aux côtés des techniques de la guerre armée. Même s’il ne porte pas immédiatement ce nom, le jūjutsu est la méthode de choc à utiliser soit en complément des armes soit lorsque l’on se retrouve désarmé sur le champ de bataille ou à tout autre moment où l’on porterait pas d’arme.

Des techniques, d’abord instinctives, sont répertoriées. Les dōjō, clans et armées médiévales s’y entraînent et les améliorent. La plupart du temps le jūjutsu local reçoit, pour le caractériser, l’appellation (d’origine non contrôlée !) d’un principe naturel (bois, feu, terre, métal, eau, ki, ku…), du lieu, du clan ou d’une divinité du shintoïsme, ou encore, est nommé en mémoire d’un maître ou samurai célèbre décédé, et pour les moins prétentieux, le nom du maître qui enseigne lui-même.

Ne fut-ce que par la Tradition orale des dōjō, ces techniques sont transmises d’une génération à l’autre et encore perfectionnées avec le temps et l’expérience des combattants. Un excellent exemple de jūjutsu est le Daito ryū aiki jūjutsu (si l’on traduit litéralement : techniques souples et harmonieuses du Grand Orient), à l’origine de la plupart des techniques d’aikidō, qui à la fin du XVIIIème siècle est fort d’une bible technique répertoriant 2884 techniques.

Mais, au cours de l’histoire tumultueuse du Japon, bien d’autres styles de jūjutsu naissent (p.ex. : combattants se distinguant des autres et fondant leur école) et meurent (p.ex. : seppuku ou meutre de tous les représentants vivants d’une école qui tombe alors dans l’oubli).

De nos jours, le jūjutsu, a priori pratiqué à mains nues, peut comprendre des techniques d’armes puisque pour qu’une défense sur arme soit bonne, il faut que le partenaire sache utiliser l’arme en question (ce n’était pas un problème aux temps médiévaux car tout le monde avait eu une arme en mains à un moment ou l’autre de sa vie).

合氣道 – – AIKIDŌ

L’AIKIDŌ est une voie martiale de retournement de l’agressivité par le déséquilibre et le contrôle d’un ou plusieurs attaquants.

 

1) L’aikidō est le plus récent des budō modernes (le karatedō, le jūdō, le kendō… sont plus anciens).  Il est une synthèse des expériences vécues par Ueshiba Morihei, d’abord militaires voire militaristes (avant-guerre), puis plus sprirituelles tout en restant martiales (après-guerre) :

– Natation et sumō (enfant, à partir de l’âge de 10 ans) ;
– Jūkenjutsu, le maniement de la baïonnette lors de son engagement volontaire dans l’armée (lui inspirera l’aikijō) ;
– quelques années de sabre de l’école Goto (liée au Yagyu ryū jūjutsu, lui inspirera l’aikiken) ;
– quelques années de Jūjutsu Yagyu ryū à deux périodes de sa vie ;
– principalement le Daitō ryū aikijujutsu, une école ayant déjà elle-même synthétisé, en 2884 techniques, les systèmes de combat du clan Takeda dont l’apogée historique se situe à la période Sengoku (batailles incessantes entre seigneurs de guerre de 1479 à 1600) ;
– la religion Ōtomo kyō, un culte pacifiste ;
– (discuté) le bā guà zhǎng, un art chinois interne d’où lui serait notamment venue sa tendance à ne pas vouloir utiliser la force physique mais à lui préférer la décontraction et une analogie entre les mouvements cosmiques et les gestes martiaux.

 

Le fondateur de l’aikidō est Ō Sensei Ueshiba Morihei (1883-1969), un véritable génie de l’art du combat armé et à mains nues.

 

 

2) En aikidō, il est beaucoup question de l’utilisation du « ki ».  Ce concept existe sous diverses formes dans tout l’Extrême-Orient et, nous, Occidentaux, le traduisons de façon très incomplète par le terme « énergie ».  Dans le cadre de l’aikidō, le ki peut être défini comme la sensation de la direction dans laquelle le partenaire fait pression lorsqu’il attaque.  L’aikidō apprend à se positionner et à effectuer le geste nécessaire pour canaliser le ki de façon à ce que le partenaire tombe sans qu’on l’ait ni tiré ni poussé.

 

3) A l’instar du jūdō, l’aikidō est basé sur l’utilisation des déséquilibres.  Mais si, en jūdō, on provoque parfois le déséquilibre du partenaire, en aikidō, on ne fait qu’utiliser celui dans lequel l’attaquant s’est lui-même engagé pour l’amplifier et l’assortir d’un contrôle qui ne demande que la force strictement nécessaire (et, bien souvent, aucune force).

Ceci peut être ressenti se contentant d’une pratique à mains nues, mais l’utilisation du jō (bâton arrivant au nombril du pratiquant) et du bokken ou bokutō (sabre en bois) sont comme des prolongements du corps qui permettent de vraiment comprendre les axes à respecter et les positions à adopter pour l’exploitation de ces déséquilibres.  Le taijutsu (techniques de corps, qu’on aurait pu appeler « aikitai »), l’aikijō (techniques avec bâton) et l’aikiken (techniques avec sabre) sont donc les trois volets incontournables de l’aikidō, même pour le débutant.

L’aikidō a donc une caractéristique également présente en Ninjutsu et en Katori Shintō Ryu : que l’on pratique à mains nues ou avec arme, les positions relatives et les mouvements à apprendre sont identiques, seule la distance change.  Pratique, non ?

 

古武道 – KŌBUDŌ – & – 居合道 – IAIDŌ

Le KŌBUDŌ Tenshin Shoden Katori Shintō Ryū est un art de combat médiéval créé au 15ème siècle et pratiqué depuis lors par les samurai.

Le IAIDŌ est une voie martiale de maîtrise extrême et d’intériorisation par la pratique du sabre japonais (iaitō/katana).

Reconnu Trésor National au Japon, l’école de sabre Tenshin Shoden Katori Shintō Ryū existe depuis près de six siècles.  Dans cette école, chaque technique, chaque geste a une raison martiale relative à l’armure que portaient les samurai et/ou à une balance avantage-désavantage tactique ou stratégique lors des duels ou combats d’armées médiévaux japonais.  La technique y a été affinée comme jamais en Occident.  Non handicapé par une armure et une épée lourdes, le samurai qui pratiquait cet école serait certainement venu à bout de plusieurs de nos chevaliers du Moyen-Âge.

 

Il reprend notamment la pratique des armes suivantes :

le bōkken ou bōkutō (sabre en bois) : kenjutsu,

sa version en alliage métallique non affûtée l’Iaitō : iaijutsu,

le bō (bâton de la taille du pratiquant) : bōjutsu,

la naginata (hallebarde japonaise) : naginatajutsu,

le kodachi (petit sabre accompagnant le grand) : shōtōjutsu & ryōtōjutsu,

le Yari (la lance) : sōjutsu.

 

 

L’iaijutsu est la technique guerrière d’utilisation du célèbre sabre japonais : le katana.  Il s’agît, pour le samurai qui avait le droit de le porter, de pousser son sabre hors de son fourreau afin d’exécuter ou de neutraliser (c-à-d. blesser gravement ce qui, à l’époque, revenait à tuer en différé) l’adversaire surgissant de toute part dans un unique premier geste puis, devant l’insistance de son agression, lui donner le coup de grâce.

L’iaidō est historiquement le successeur de l’iaijutsu mais en utilisant un iaitō (sabre en alliage non affûté) et dans l’idée non plus de trancher un adversaire sur le champ de bataille ou en duel, mais de développer des qualités fondamentales pour la vie de tous les jours (calme intérieur, remise en question, détermination…) en effectuant, seul dans le vide, les mêmes gestes lourds de sens mais purgés de toute intention (émotion, volonté de tuer…).  Dans ces conditions, effectuer un kata de iaidō doit un peu se ressentir comme se recueillir au chevêt d’une personne décédée…

 

Dans les deux pratiques du sabre, il y a recherche du geste parfait, c’est la finalité qui diffère :

– dans le iaijutsu de la Tenshin Shoden Katori Shintō Ryū (que nous pratiquons au sein de J.A.P.An asbl), les critères d’exécution correspondent tous à des raisons martiales valables et compréhensibles (pour qui a un peu l’esprit guerrier) sur lesquelles de pratiquant peut toujours retomber de façon logique, claire et précise.  Cela donne à l’art du sabre que nous avons choisi une très grande cohérence.  Cohérence largement confirmée par la pratique des autres armes de la même école : que l’on ait en main un sabre, deux sabres, un bâton, une hallebarde, une lance… les mêmes principes reviennent.
– si certains styles de iaidō ont conservé des principes martiaux anciens comme Hōki Ryū, d’autres écoles comme le Seitei ont été fabriquées au départ d’une série d’écoles de sabre par consensus entre les maîtres qui les représentaient.  Le style Seitei (on ne peut plus vraiment parler d’école au sens historique) comporte des détails dits « techniques » qui sont en fait des éléments artificiellement pratiqués non pour une raison martiale mais pour le fait de respecter la consigne demandée.  Un authentique samurai y perdrait un peu son latin (par exemple, le dégainer du sabre y est relativement lent) mais cela a l’avantage de servir de mode de communication entre les pratiquants modernes de différentes écoles qui y retrouvent chacun un peu de leur façon de faire.

松濤會 – の空手道 – KARATE DŌ SHŌTŌKAI

Le KARATE DŌ SHŌTŌKAI est une voie martiale puissante d’harmonie et d’expression corporelle, exact opposé des karatés à vocation « efficace » et/ou compétitive.  Sur le plan philosophique, on peut dire que « c’est lui-même que le pratiquant de Shōtōkai cherche à atteindre au travers de son art« , c’est la technique qu’il faut épurer, le corps qu’il faut relaxer, c’est l’ego qu’il faut relativiser.

La particularité du Shōtōkai est aussi la notion « sen no sen » qui revient à chercher à anticiper sur l’action d’un partenaire.  Mais c’est un concept impossible à percevoir en dehors du Dōjō et des conseils d’un Sensei expérimenté dans cette matière très précise.

 

La vision :

Le « karaté » est trop souvent vu comme une sorte de boxe japonaise.  En général (ce n’est pas le cas dans notre Dōjō), on y voit des pratiquants figés d’une façon qu’aucun boxeur – nulle part ailleurs dans le monde – ne songerait à essayer.

C’est un art, martial à l’origine, qui a tout perdu avec l’arrivée de la compétition. A tel point que lorsqu’on parle karaté, on y associe immédiatement des concepts infantiles comme « champion », « victoire », « défaite »…

Bien sûr, un mauvais cinéma du genre « Karaté Kid », l’ancien comme le nouveau, a développé cette représentation poussiéreuse que des pratiquants peu réalistes contribuent, de nos jours encore, à véhiculer.

 

Les origines :

Les origines du Karate Dō sont parfois nébuleuses mais le maître Funakoshi Gishin en est le représentant le plus reconnu. Il a dit : « Si […] il y a ne serait-ce que le plus bref retard dans le mouvement, on se trouvera forcé, sans échappatoire possible, à maintenir un rôle défensif« .

Comment ne pas avoir de retard dans un mouvement si l’on part d’une position figée ? C’est physiquement impossible car il faut relâcher ce qui est figé avant de pouvoir le bouger et cela s’appelle précisément avoir un temps de retard.

Et s’il l’on se re-contracte ensuite, il faudra se re-décontracter avant le mouvement suivant… et ainsi de suite ! Pratiquer « contracté » pour entretenir l’image figée que l’on a du karaté, c’est comme se taper la tête au mur pour se rassurer quant au fait que l’on est vivant !

 

Plus sérieusement :

Avec un minimum de connaissances en physiologie musculaire, on sait qu’en contraction isométrique (qui est celle du karateka se raidissant sur place), tant le muscle que l’on pense figer que son antagoniste se raidissent : le corps a donc un temps de retard de plus sur l’esprit qui n’a pas conscience de ce phénomène.  Tant le muscle agoniste (qui fait ce que l’action voulue) que son antagoniste (qui se contracte pour protéger l’agoniste d’une action trop violente) doivent se décontracter avec d’aller plus loin.

Ne parlons même pas des dégâts articulaires à long terme causés par des blocages os contre os ou des gestes secs effectué seul dans le vide, on les imagine tous aisément (surtout lorsqu’on vieillit).

En Shōtōkai, c’est le corps, et donc l’esprit, décontractés que nous abordons un combat…

Pourquoi les kata feraient-ils exception ? Même si les japonais sont forts en robotique, pourquoi chercher à ressembler à un robot ?  Alors que l’on sait pertinemment qu’un combat ne peut se gagner si l’on est pas prêt à bouger en permanence ? Et qu’est-ce qu’un kata, sinon, justement, la simulation d’un combat ?

 

Ci-dessous, quelques exemples de kata Shōtōkai :

 

 

 

 

 

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